Les Dires de Zeta: An 2000


L’an 2000 est comme le Magicien d’Oz derrière son rideau. Beaucoup de bruit, un grand vacarme qui laisse présager des choses, et rien derrière. On a dit à l’humanité que des changements se produiraient à l’occasion du millénaire, qui bouleverseraient complètement leurs vies. Que les trains ne rouleraient plus, les réfrigérateurs s’arrêteraient, que les produits congelés allaient donc fondre, les avions s’écraseraient, et les distributeurs automatiques de billet ne reconnaîtraient plus les cartes bleues. Rien n’est vrai dans tout cela. L’homme moyen ne connaît pas l’informatique ni comment sont structurés les programmes. Si vous parliez de la fabrication des tables et des chaises et que vous expliquiez que le quatrième pied allait se dissoudre sous chaque table à l’An 2000, les gens riraient bien. Mais si vous parlez d’une situation où les programmes informatiques manifesteront des dysfonctionnements, ils le prennent au sérieux, surtout s’ils en ont des échos de toutes parts et que cela n’est pas controversé.

Les bureaucraties ont la mauvaise réputation d’être comme des mammouths pesants, paresseux et impossibles à faire avancer lorsque des changements s’imposent à elles. Elles se font une liste de situations diverses pour lesquelles elles rédigent des procédures appropriées, et quand arrivent les changements, elles rendent ces procédures encore plus lourdes et complexes. Tout cela fonctionne très bien quand le Soleil se lève et se couche tous les jours, que les blés sont fauchés, que les enfants naissent et que les anciens meurent, et que la vie suit son cours habituel. C’est le dernier des soucis de la bureaucratie que de se rénover en profondeur : elle résiste au changement. Les budgets sont toujours minces, et la première chose sacrifiée est la remise en état des grands systèmes informatiques car c’est cher, et cela signifierait pas d’augmentation de salaires, le licenciement du beau frère, et que l’on puiserait dans les bénéfices. Cela engendre toute sorte de mécontentements, donc on abandonne le projet. Mais au jour d’aujourd’hui on n’y coupe plus.

C’est un dragon de papier, pareil à tous ceux qu’utilisent les autorités pour distraire les populations du véritable danger. Beaucoup de ces oeuvres de diversions, telle que la destitution présidentielle, ne sont là que pour éloigner les gens du véritable problème. D’une certaine manière, c’est délibérément organisé pour créer une crise, parce que cela permet de débloquer de l’argent. Ceux qui ne veulent pas croire que les bureaucrates fonctionnent ainsi devraient pouvoir se transformer en une petite mouche volant dans les salles café. Il est clair qu’ils savent très bien qu’en générant une crise ils recevront des crédits dont l’argent, sinon, aurait été pris sur leurs salaires, leurs bénéfices et au détriment de nouveaux emplois tels que des assistants et des secrétaires, et tous les avantages dont ils bénéficient. Regardez cela avec le cynisme qu’impose la situation.